LETTRE D'ALAIN MARCEL
(Auteur, metteur en scène et comédien. Il a, entre autres, écrit
et joué Algérie chérie au Théâtre
du Donjon à Pithiviers.)
"Très chers petit Minuits,
Je me permets d'entamer cette lettre en vous appelant "les Minuits"
puisque c'est toujours dans ces termes que Jean-Paul et moi parlons de vous.
Je ne doute pas que vous me pardonniez cette familiarité.
Très chers petits Minuits, donc, la dernière fois que je vous
ai rencontrés, j'ai vivement regretté de ne pas trouver davantage
l'opportunité de m'adresser aux uns et aux autres, à tous les
membres de votre petite équipe. C'était le week-end du 1er décembre,
lors de votre dernière et, tempête, affluence, amis et couscous
aidant, je n'ai pas beaucoup eu l'occasion d'aller vers chacun de vous comme
je l'aurais souhaité.
Dans l'impossibilité de revenir à la Neuville avant ce week-end
du 8/9 mars, je m'étais promis de vous faire parvenir un courrier vous
disant le plaisir que j'avais eu à venir voir votre spectacle. Et puis
le temps a passé, et je ne m'y suis toujours pas collé ! Je ne
me retrouverai pas à la campagne avant le mois d'avril... Raison de plus
pour m'acquitter enfin de cette tâche prévue de longue date, et,
au demeurant, très agréable à accompli.
Je tiens d'abord à vous remercier de votre accueil, toujours si chaleureux
et amical ; vous remercier de votre invitation et de la confiance que vous nous
témoignez en vous souciant de nos sentiments et réactions. Voilà
qui est dit. J'étais doublement touché - et curieux d'assister
à cette représentation puisque, comme vous le savez, son thème
me tient particulièrement à coeur. Entreprise vaste et ambitieuse
que de traiter en un seul spectacle la violente, l'immense et paradoxale épopée
que fut la Conquête de l'Algérie, particulièrement vue des
deux cotés du "manche". Obligation d'être très
synthétique sans devenir pour autant schématique ou sommaire.
Si l'on y ajoute le nombre majoritaire de personnages masculins, conduisant
les filles à interpréter une galerie de "grands messieurs
sérieux", on constate aisément que le pari était de
taille. Pari que j'estime, quant à moi, pleinement réussi.
Le lieu, tout d'abord. Ce que vous avez fait de ce vaste volume, de cette large
grange, est proprement étonnant. Cet espace a beaucoup de caractère
; on s'y sent très bien comme spectateur et, j'en suis sûr, aussi
bien comme comédien. Le scénographie, si adroite, si changeante,
si souple, si légère... Là encore, bravo ! On rêverait
d'inscrire plein d'autres moments de Théâtre dans ce lieu et son
espace scénographique. Bravo aussi pour la présence et la vigilance
constante de ceux qui, à l'arrière, gèrent ce subtil ballet
de toiles, en plus de rôles multiples et de rapides changements de costumes.
Bravo encore pour la beauté fulgurante de certaines images ; pour ces
lumières semblant si simples et, cependant, d'une justesse de ton et
de climat absolument parfaite. Bravo enfin pour le choix courageux du sujet
; courageux par son ambition, et aussi - je suis bien placé pour le dire
- son propos embrassant une Histoire et des histoires toujours aussi passionnelles
et controversées.
Bref, je m'arrêterai là, car si je continue à délivrer
des lauriers et à dérouler mon tapis rouge, je ne saurais plus
quoi vous dire la prochaine fois que je viendrai vous voir.
De mon coté, quelques nouvelles. Sarah est entrée, depuis une
semaine, dans son compte à rebours final. On la verra à coup sûr
au Théâtre de l'Ouvre à partir de janvier 2009. C'est un
peu plus tard que prévu, mais la finalité en valait la patience.
Je répète "Algérie chérie", version complète,
à partir du 20 mars et serai à la Neuville une grande partie du
mois d'avril pour finaliser l'objet. - J'ai vu sur votre site que vous projetiez
des répétitions publiques : je viendrai vous voir avec plaisir
si vous m'en donnez la permission. - Je jouerai le spectacle au Donjon, en représentation
fermée, gratuite, réservée à mes amis et relations,
le samedi 26 avril après-midi. Si le coeur vous en dit, je serai ravi
de vous y accueillir. Un dîner cocktail suivra à la maison. Et
pour finir, si le voyage ne vous rebute pas, Jean-Paul et moi jouerons au Rond-point,
à la rentrée, une pièce nouvelle dont je ne suis pas l'auteur.
On aura le t'occasion d'en reparler.
Bon je m'arrête là afin de ne pas vous lasser davantage de mon
pia-pia. Dans l'impatience de vous retrouver tous très bientôt,
je vous embrasse très amicalement.
Alain "