La Forteresse

de et par les Minuits
2004

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LA FORTERESSE, extrait

Le Guetteur :

Je suis le Guetteur
Je suis au sommet, au plus haut point de notre Forteresse
Et je scrute l’horizon

Je suis le Guetteur
Nous sommes dans une capitale : Notre Forteresse
Et je donne l’alerte à chaque menace à l’horizon

Je suis le Guetteur
Nous sommes puissants, notre Empire est grand
Et je guette nos ennemis à l’horizon

Je suis le Guetteur
Nous sommes dans un Empire en guerre
Et je vois venir notre victoire à l’horizon

Je suis le Guetteur
Je suis unique dans un Empire qui le sera bientôt
Et j’ai confiance en ce que m’offrira l’horizon


Voici une lettre écrite à Arlette qui a travaillé avec nous à l’écriture de ce grand projet. C’était peu de temps avant le début des répétitions. Nous sommes restés fidèles à ces premières envies.

Chère Arlette,

Un moment que je dois t’écrire. Je voulais te donner les pistes sur lesquelles nous allons nous lancer à partir du 5 novembre prochain. J’attendais d’avoir rassemblé nos idées. Voila que je commence à y voir plus clair. Mais avant toute chose, il faut que je te dise que tout peut changer à tout instant. C’est même une des règles fondamentales que nous nous donnons : ne rien borner, ne rien nous refuser tant que le premier jour n’est pas arrivé. Donc ce que je vais te donner là, ce ne sont que des points de départ et certainement pas d’arrivée. Premier point de départ : une improvisation du temps du travail des « Minuits vous parlent de la vie ». Le sujet était « sur le chemin de ronde ». J’avais cru y déceler le sujet d’un prochain spectacle. Un autre : une discussion à Vienne dans un café tout ce qu’il y a de plus viennois. Nous avions parlé de ce que nous rêvions chacun du prochain spectacle. Amélie avait dit : « j’aimerais qu’à chaque instant chacun puisse se dire : ah oui… » Nous avions parlé d’Empire aussi, des empires passés (à Vienne, quand même) et de ceux qui viennent. J’avais parlé des ottomans, des autrichiens et des russes, de l’histoire, si peu compréhensible pour nous, des serbes. Mathias avait évoqué l’acteur comme empereur. Peut-on envisager l’abdication de l’acteur comme empereur ? Une autre encore : notre envie de nous approprier d’autres techniques : le chant, la danse et surtout l’écriture. Les propositions de base pourraient bien sur cette nouvelle création, être écrites (bout de phrase, dialogues, personnage que nous mettrons ensuite à l’épreuve sur le plateau) Cette prochaine création est pour nous importante : je crois qu’elle aura à voir avec le monde contemporain et comment il va. Et ce sera un pas dans la conscience de ce que nous sommes en tant que troupe. J’aime bien notre installation à La Neuville : ici on nous regarde exactement comme le plombier et le boulanger, avec autant de considération, ni plus ni moins. Et bien la prochaine création doit ressembler à ça. Invitons les gens à venir partager une expérience concrète, un ressenti ensemble ; vivons la liberté et l’oppression, les luttes et les déceptions. Mais ne la donnons pas en spectacle. Pourrons-nous abdiquer un peu de notre empire. Ou plutôt : comment faire pour ne pas faire un spectacle ? Voila les pistes. Donne-moi tes réflexions. Nous t’attendons avec impatience. Prépare des habits bien chauds surtout. Nous travaillons tous les lundi, mardi, mercredi et jeudi.

A très bientôt. Bises.